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Reconversion dans le développement web : parlons sincèrement.

Posted on:April 25, 2023 at 01:59 PM

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Covid : remise en question et reconversion.

En 2020, j’étais travailleur social dans une association de lutte contre les précarités. Après six ans de carrière dans le secteur social et éducatif, je n’en voyais plus le bout… Toute ma vie dans ce game ? Entre transferts affectifs, sentiment de ne pas progresser et surtout : 0 reconnaissance… Je craque, comme ça, un matin de reprise après confinement. J’arrive en réunion, une remarque de chef boomer plus ou moins mal-venue, angoisse, je vois flou, j’arrête. Je ferme mon PC et c’est terminé, à partir de là j’ai arrêté le social.

desperate developer

S’engage une période de reboot, un an de chômage, et mon cousin dev senior me dit : “tu veux pas essayer de coder ?” Je teste, je ne comprends rien, ça m’intrigue, je m’inscris dans un bootcamp sans trop savoir, allez, on tente.

Et là boom ! je pars pour trois mois à Paris dans le meilleur endroit où j’ai eu l’occasion d’apprendre. Je termine sans la certif parce que trop hardcore pour moi, jeune moldu, mais chaud pour continuer. La réalité, c’est que ça n’a pas encore commencé, mais ça, j’allais m’en rendre compte plus tard…

Le monde du dev, premières expériences, entre passion, bullshit et réalité du business.

Premier fait : je ne suis pas au niveau pour un TAF de développeur. Et c’est le cas de beaucoup de personnes après une formation plus ou moins longue qui coûte un bras (merci le CPF et la Région). Il faut en être conscient dès le départ. Moi, j’étais dans la frustration, la souffrance, l’enthousiasme et un syndrome carabiné de l’imposteur (qui dure) face aux développeurs plus rapides à percuter.

Par contre, certains y arrivent très vite et ça, ça te replace l’égo bien comme il faut.

Sauf que, comme disait un formateur que j’ai eu : “Le dev n’est pas une course et si ça l’était, ce serait un marathon”. Moi, j’ajouterais un ultra-marathon. En fait, il faut bien comprendre que la relation à la discipline est pour moi comparable au sport lorsque qu’on veut être plus performant : il faut se fixer des objectifs forts et faire preuve d’abnégation, mais sans se dégoûter. Et là, un truc cool arrive, le code devient passionnant.

Première expérience en entreprise : 6 mois de stage en interne dans une ESN. D’ailleurs, je découvre à ce moment-là ce qu’est une ESN (on y reviendra.). Je découvre aussi de nouveaux métiers à base de UX, SCRUM Master, etc.

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J’ai de la chance, j’y rencontre des pros accueillants, sur une stack passionnante et en plus, ils me laissent continuer à me former. Stage au top, mais après ?

Bah rien, parce que, en tout, j’ai 6 mois de dev après formation. À ce niveau d’expérience, c’est très compliqué de trouver des opportunités : en ESN, pas ou très peu de missions pour les juniors. Pas de business : pas de CDI, pas de CDI : pas de palais, pas de palais…

Là, il y a alors deux choses à regarder : est-ce que je peux manger ? Oui. Si non, on cherche un taf vite et on continue à se former en parallèle. Ça, c’est le mode “légende”. Si on a du chômage ou autre, c’est cool. Il faut aussi simplement se poser la question : ai-je envie de faire de l’informatique encore ? Si oui, alors on ne lâche rien.

Micro entreprise : “Hello ! Je sais faire des sites !”

Est-ce que après un stage de six mois je deviens intéressant sur le marché du travail ? Probablement parce que je ne coûte pas cher en salaire, mais ce n’est pas évident. Le marché est en baisse et surtout, je ne suis pas encore bien acculturé au fonctionnement de ce marché où les recruteurs sont pas toujours au top, t’invitent à un entretien pour rien et sont très souvent à côté de la plaque. Il faut apprendre à différencier les vraies des fausses bonnes opportunités.

Alors, après moult refus, à cause de prestations médiocres en tests ou en entretien, ou parce que les recruteurs ont des critères dont eux seuls ont le secret, du genre : “Ce serait bien que le candidat ne soit pas trop technique pour ne pas effrayer le reste de l’équipe…” (réel), je reste au chômage.

D’une manière générale, mon rapport au travail est complexe. Mais ce qui est cool, c’est que j’adore l’autonomie, la découverte et le service. En plus, je sais faire des sites, enfin presque… J’ai rencontré un pote, il est photographe et a besoin d’un site. Je lui fais, j’apprends à faire un site vitrine sur mesure de A à Z.

Il connaît une entreprise de peinture qui a besoin d’un site. J’ouvre alors une micro-entreprise, je présente un devis, et il est accepté. J’ai vendu mon premier site en collaboration avec mon pote et ça me redonne la patate !

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Un mois plus tard, un autre client s’enchaîne. C’est gratifiant et c’est sûr, c’est le métier que je veux faire : un besoin, des compétences, un produit : de la valeur.

Ça peut aller vite au début : les premiers clients se trouvent à proximité de toi, mais pour les suivants, il faut savoir prospecter et je ne sais pas le faire. Je décide donc de retourner en quête d’un contrat de travail.

Entretiens, tests : ça marche enfin, dans les ESN. Mais dit Jamy, c’est quoi une ESN ?

Une ESN (Entreprise de Services du Numérique) est le type d’entreprise où vous avez de grandes chances d’arriver en tant que junior en début de carrière. Les ESN placent des professionnels dans d’autres entreprises et génèrent une marge sur votre TJM (taux journalier moyen), vous représentant une charge salariale et l’ESN facturant un taux journalier moyen plus élevé, ce qui leur permet de se rémunérer sur la différence entre votre salaire et le taux facturé.

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Il est important de souligner qu’une ESN doit vous placer au plus vite. Certaines peuvent prendre des projets en interne, mais leur intérêt dépend du TJM que vous représentez. Elles peuvent donc vous essayer, vous presser, vous jeter, et surtout, elles ne veulent pas être ennuyées, surtout si vous avez demandé un salaire légèrement supérieur à leur idéal de marge. Il faut donc être conscient de cela et prendre avec recul le discours sur la bienveillance, leur soutien et leur formation interne, car si beaucoup d’ESN cherchent à s’humaniser, beaucoup aussi sont en réalité des “usines à dev” assez déshumanisantes. Ce qui les rassemble, c’est la loi du marché qui n’a rien de sentimental : vous devez faire le travail même si il y a un gap entre votre profil et la mission qui vous a été vendue ou partir.

Partant de ce constat, il faut jouer sur le même registre. Pour vous, un poste dans une ESN sera très formateur, un très bon moyen d’augmenter votre expérience. Si vous avez de la chance, vous pourrez construire une carrière longue dans ce contexte, sinon vous vous en servirez comme d’un tremplin.

Actuellement, plus d’un an après le début de ma reconversion, je suis dans cette étape. Elle ne me permet pas de dire que ma carrière de développeur est définitivement lancée. Cependant, ce qui est pris est pris, et chemin faisant, l’expérience augmente et laisse présager un avenir de plus en plus stable.

Autres tips et conclusion

J’ai essayé ici de dresser un tableau le plus sincère possible en me détachant de l’aspect émotionnel qui prend énormément de place dans ma vision, probablement en raison de mon caractère sensible. Je souligne également que j’ai bénéficié dans ma démarche d’énormément de soutien de la part de mon entourage et que j’ai de l’expertise à proximité directe : mon père travaille dans l’informatique depuis les années 80.

La reconversion dans le développement n’est pas un eldorado. Elle n’est pas simple et demande à chaque candidat de se remettre en question, parfois de manière très profonde. L’IT ne vous attend pas, mais la technologie est passionnante et la satisfaction d’avoir accompli un travail complexe est une véritable source d’épanouissement. Le code est une méditation, un parcours initiatique. Il est probablement plus qu’un simple moyen de toucher un salaire.

Un dernier conseil avant de clore : “Faire”. Arrêtez de regarder les articles, les tutos, les autres. Faites un site, un jeu ou même de l’art, mais faites quelque chose. À partir de là, vous pourrez construire votre vision et définir si vous avez un véritable intérêt à continuer. Ensuite, vous pourrez rechercher les contenus qui vous apportent dans votre démarche et prendre les bonnes informations là où elles se trouvent.