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Disclaimer
Avant toute chose, je préfère préciser que cet article n’est pas là pour donner une feuille de route et insuffler l’idée que le développement est une voie royale à laquelle il faut s’accrocher coûte que coûte.
En fait, c’est tout à fait OK d’éssayer de se reconvertir et de décider de se consacrer à autre chose. Cela reste extrêmement positif d’élargir ses connaissances sans forcément en faire un métier.
Cependant, lorsqu’on se lance dans le challenge de la reconversion, douter c’est normal. Mais trop douter peut être dangereux. Et pour comprendre les pièges que notre cerveau nous tend et éviter de s’auto-détruire, compromettant ainsi notre opportunité d’embrasser une carrière des plus passionnantes, penchons-nous sur les mécanismes du doute et les solutions qui s’offrent à nous pour bétonner notre mindset.
L’épreuve psychologique de l’apprentissage
Apprendre le développement est une aventure passionnante.
Alors que vous vous plongez dans l’univers complexe de l’informatique, vous pourriez vous retrouver face à un adversaire sournois et insidieux : vous-même.
Commençons par évoquer votre culture de l’apprentissage.
Si vous avez grandi dans le système éducatif Français, l’éducation y a souvent été critiquée pour son caractère élitiste et concurrentiel, deux traits qui ont profondément influencé le système éducatif du pays. Dans cette dynamique, vous vous attendez donc à être évalué à la manière de l’école dans votre apprentissage : “Mon niveau est à comparer à celui des autres et le professeur à un impact très fort sur ma perception de ma progression”.
Dans votre cursus de reconversion il va être fondamental de s’extraire de cette manière de voir le choses. En effet, en développement c’est : “Je sais faire ? Oui ou non.” Et c’est tout. Et c’est à vous de vous regarder avec objectivité pour ne pas tomber dans l’excès de confiance mais pas non plus dans le syndrôme de l’imposteur (On en reparle ensuite…).
De ce fait les moments de tests sont à aborder avec le plus de recul possible pour vous permettre d’en retirer un maximum d’informations sur votre niveau technique mais aussi sur vos aspirations. Ils ne sont pas là pour vous juger sur ce que vous êtes. Et certains tests peuvent vous convenir et d’autres non, assummez-le et construisez aussi votre progression selon vos choix et vos préférences.
La plupart de vos ressentis sont irrationnels : les biais cognitifs
Les Biais cognitifs sont des petits pièges perfides qui nous tendent des embuscades mentales à chaque tournant de notre parcours d’apprentissage.
En gros, les biais cognitifs sont des schémas de pensée automatiques qui nous font prendre des décisions irrationnelles ou adopter des attitudes biaisées. (Pour en savoir plus : http://www.psychomedia.qc.ca/psychologie/biais-cognitifs)
Imaginez-vous en train d’apprendre une notion complexe en développement, comme la programmation orientée objet. Vous êtes confronté à une nouvelle syntaxe, des concepts abstraits et des erreurs de compilation qui vous laissent perplexes. Et c’est là que les biais cognitifs entrent en jeu.
Biais numéro 1 : le biais de confirmation. Vous êtes tellement concentré sur la façon dont vous percevez les choses que vous cherchez instinctivement des informations qui confirment vos préjugés ou vos idées préconçues. Si vous êtes convaincu que vous êtes nul en POO, vous interprétez chaque erreur comme une preuve de votre incompétence, en ignorant les moments où vous réussissez brillamment.
Biais numéro 2 : biais de disponibilité. Votre mémoire vous joue des tours en vous rappelant sélectivement les moments où vous avez rencontré des difficultés en POO. Vous oubliez les fois où vous avez résolu des problèmes avec brio ou compris des concepts complexes. Et voilà que votre esprit vous dit : “Regarde, tu te plantes tout le temps ! La POO, c’est vraiment trop difficile pour toi.”
Il y a aussi le biais de l’effet de Halo. Vous évaluez une notion complexe, comme la POO, en fonction de votre expérience globale. Si vous avez réussi d’autres tâches de développement sans difficulté, vous pourriez sous-estimer l’effort nécessaire pour maîtriser la POO. Ou bien, si vous avez rencontré des échecs répétés, vous pourriez penser que tout le développement est trop compliqué pour vous, en oubliant que chaque concept a son propre niveau de difficulté.
Les biais sont nombreux et ces exemples ne sont pas exhaustifs.
Alors, ne laissez pas ces biais cognitifs prendre le contrôle de votre expérience d’apprentissage du développement. Prenez du recul, remettez en question vos pensées automatiques et cherchez activement des preuves de votre progression et de vos réussites. Rappelez-vous que la maîtrise du développement demande du temps et de la pratique, et que chaque obstacle sur votre chemin est une opportunité de grandir et de devenir un meilleur développeur.
Le Fameux syndrome de l’imposteur
Ces pièges mentaux que l’on vient d’évoquer, dans leur accumulation et leur répétition, conduisent rapidement au fameux “syndrome de l’imposteur”. Ce compagnon indésirable s’installe dans l’esprit de nombreux développeurs ! Le syndrome de l’imposteur est ce sentiment persistant de ne pas être à la hauteur.
Les biais cognitifs alimentent ce syndrome en amplifiant les pensées négatives et en minimisant les succès. Avec ce syndrome, vous pourriez interpréter un retour constructif sur votre code comme une preuve que vous êtes incompétent, ignorant ainsi toutes les autres fois où vous avez bien fait le travail. Vous pourriez vous comparer constamment à des développeurs plus expérimentés ou plus rapides à comprendre, sans réaliser que chacun a son propre parcours d’apprentissage.
Tout d’abord, rappelez-vous que le syndrome de l’imposteur est courant parmi les développeurs, même les plus talentueux. Vous n’êtes pas seul dans cette bataille !
Ensuite, fichez-vous la paix! Soyez bienveillant envers vous-même et réalisez que vous êtes en constante évolution. Ne vous comparez pas constamment aux autres, mais plutôt à votre propre parcours. Célébrez vos réussites, même les petites, et ne laissez pas les erreurs vous définir. Utilisez-les comme des occasions d’apprentissage et de croissance.
Enfin, apprenez à accepter les retours constructifs et à demander de l’aide lorsque vous en avez besoin. Personne n’est censé tout savoir et tout réussir du premier coup.
Les développeurs expérimentés sont là pour vous soutenir et vous guider (même si parfois ils ne le font pas de la meilleure manière, nous aborderons cela dans un prochain article sur la relation pédagogique…). Soyez ouvert aux commentaires, utilisez-les pour vous améliorer et n’oubliez pas que chaque erreur est une opportunité d’apprendre et de grandir.
Pour aller plus loin sur le syndrome de l’imposteur du programmeur, je vous invite à consulter cet article : https://zerotomastery.io/blog/programmer-imposter-syndrome/.
Crise d’ego
À contrario, certains d’entre nous vont être confrontés à leur ego. Cela peut vous paraître bizarre, mais la crise d’ego est souvent liée au manque de confiance en soi, comme une parade de notre cerveau pour éviter de se sentir faible.
Là où l’ego représente un danger pour votre progression, c’est lorsqu’il vous paralyse dans le fait de demander de l’aide. Vous allez rejeter ce qu’il y a de bon à prendre dans les conseils et les remarques, et rester bloqué beaucoup plus longtemps que quelqu’un qui admet d’emblée sa difficulté. Demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse, mais plutôt un signe de force et de volonté d’apprendre.
Dans le développement, l’ego est très présent. Par exemple, les professionnels expérimentés vont faire des choix techniques qui vont conditionner le travail de leurs collaborateurs à long terme. Leur ego bloquera souvent toute tentative d’interrogation du bien-fondé d’un choix technique, surtout si ces interrogations viennent d’un junior… En fait, dans l’idéal, il faudrait que tout le monde soit plus à l’écoute et sache se remettre en question régulièrement, alors commencez à donner l’exemple dès le début de votre apprentissage !
Procrastination
La procrastination est, de manière simplifiée, la tendance systématique à remettre ses tâches à plus tard. Mais son mécanisme est complexe. Elle est très présente chez les développeurs car ils doivent en permanence interroger leur rapport au temps : cette tâche est-elle urgente ? Combien de temps me faudra-t-il pour la finaliser ? etc.
Souvent, selon l’intérêt du développeur pour la tâche à réaliser, celle-ci peut vite se retrouver dans les tréfonds de sa liste de tâches à faire … et lorsque l’échéance se rapproche, on retrouve notre développeur en train de tout faire sauf la fameuse tâche.
Une excellente vidéo de la chaîne “Parfaitement Web” traite de ce sujet : https://www.youtube.com/watch?v=HBd_jwO5Fz0. Elle explique les mécanismes de la procrastination spécifiques au métier de développeur. C’est une vidéo à regarder absolument pour bien comprendre qu’il existe également une procrastination productive, pire que la simple procrastination.
Pour ma part, la procrastination est un compagnon que je conseille d’apprivoiser. Pour ne pas lui laisser prendre trop de place, il est possible de la chasser par la division et la gestion du temps, en supprimant les distractions et en mettant en avant le plaisir dans l’action.
Mais on peut aussi observer la procrastination pour en comprendre les causes possibles et prendre le mal à la racine : manque de motivation ? manque de compétences ? Anxiété ? Conditions de travail ?
D’une manière générale, les comportements irrationnels sont souvent des alertes, il est donc important de les écouter. L’enjeu est d’éviter de trop culpabiliser et de déclencher un mal-être plus profond encore.
La satisfaction d’avoir finalisé une tâche dont on pensait qu’elle était difficile et rébarbative est souvent de nature à ancrer dans votre cerveau la preuve de votre capacité à faire preuve d’abnégation et de professionnalisme. Il en résultera une reconnaissance de vos pairs, de nature à mettre un peu plus à distance votre tendance à la procrastination.
Conclusion : Résilience
La voie de la reconversion en développement informatique est sans aucun doute stimulante et enrichissante, mais elle peut aussi être jonchée d’obstacles psychologiques. De la procrastination à la crise d’ego, en passant par le syndrome de l’imposteur, de nombreux défis se dressent devant l’apprenti développeur.
Il est important de reconnaître ces défis comme faisant partie intégrante du voyage d’apprentissage et non comme des échecs personnels. En développant une conscience de ces pièges mentaux et en cultivant une mentalité de croissance, vous pouvez surmonter ces obstacles et vous épanouir dans votre nouvelle carrière.
N’hésitez pas à chercher du soutien auprès de vos pairs et à pratiquer l’autoréflexion pour comprendre vos propres comportements et attitudes. Il est également utile d’adopter des techniques de gestion du temps et de trouver du plaisir dans l’apprentissage.
La reconversion en développement informatique n’est pas seulement une question d’apprentissage technique; elle nécessite également une préparation psychologique et émotionnelle. Chaque étape du chemin, même les plus difficiles, est une occasion de grandir et d’apprendre. Embrassez ces défis avec curiosité et résilience, et vous trouverez un succès et une satisfaction durables dans votre nouvelle carrière.
